L’ère de l’électricité s’impose, selon l’Agence internationale de l’énergie
- Huglo Lepage Avocats

- 13 nov.
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Lise-Hélène Gras, Juriste documentaliste
Selon le World Energy Outlook 2025 publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le monde entre dans l’ère de l’électricité. Le rapport met à jour plusieurs scénarios d'évolution de la consommation énergétique mondiale, dans un contexte complexe marqué par une géopolitique fragile, des prix du pétrole bas et une dépendance accrue à la Chine pour les métaux stratégiques. Face à ces défis, les pays adoptent des stratégies divergentes : certains misent sur les renouvelables et l’efficacité énergétique, d’autres privilégient la sécurité d’approvisionnement en combustibles fossiles.
Si les énergies renouvelables ont battu des records de déploiement en 2024, la consommation de pétrole, de gaz et de charbon demeure également en hausse. Pour dresser une vision d’ensemble, l’AIE analyse quatre scénarios : celui des politiques actuelles (CSP), celui des politiques déclarées (Steps), celui de l’accès universel à l’énergie (Access) et enfin la trajectoire compatible avec un réchauffement limité à 1,5 °C (NZE). Tous convergent vers un même constat : l’électricité occupera une place centrale dans le système énergétique mondial.
La demande en électricité augmente désormais plus vite que la consommation énergétique totale, tirée par les usages numériques, la mobilité, le chauffage ou encore la climatisation. Dans les scénarios CPS et Steps, elle croît d’environ 40 % d’ici 2035 et de plus de 50 % dans le scénario NZE.
Cette hausse ne se limite plus aux économies émergentes, elle concerne désormais également les économies avancées, en raison de la croissance de la demande liée aux centres de données et à l’intelligence artificielle. Les investissements suivent cette tendance. En 2025, 580 milliards de dollars devraient être consacrés aux centres de données, soit davantage que les 540 milliards investis dans l’approvisionnement mondial en pétrole.
Ces infrastructures concentrées aux États-Unis, en Chine et dans l’Union européenne exerceront une pression accrue sur des réseaux électriques déjà saturés. Or, le réseau apparaît comme le maillon faible de cette transition. Les investissements dans la production ont bondi de 70 % depuis 2015, atteignant 1 000 milliards de dollars par an, mais ceux dédiés aux réseaux stagnent autour de 400 milliards. Ce déséquilibre entraîne une augmentation de la congestion, retarde le raccordement des nouvelles sources de production et de consommation d'électricité et augmente les prix de l'électricité. L’essor du stockage par batteries (75 GW ajoutés en 2024) offre une solution qui ne répond pas pour autant complètement aux besoins de flexibilité saisonnière.
Enfin, l’AIE alerte sur la vulnérabilité des réseaux face aux risques climatiques et aux cyberattaques. Même dans le scénario le plus ambitieux, la hausse des températures dépassera temporairement 1,5 °C avant un éventuel retour sous ce seuil d’ici à 2100. Plus que jamais, l’avenir énergétique du monde passera par une électricité sûre, résiliente et mieux distribuée.
En parallèle de cette transformation mondiale, l’Union européenne avance sur la mise en œuvre de son Union de l’énergie, que la Commission juge « en bonne voie » dans son rapport 2025. Les progrès sont notables : la part des énergies renouvelables a atteint 47 % de la production d’électricité en 2024, et les émissions du secteur énergétique ont reculé de 8,5 % sur un an. Selon la Commission, les nouvelles installations solaires et éoliennes ont permis aux consommateurs européens d’économiser 100 milliards d’euros entre 2021 et 2023, tandis que chaque amélioration de 1 % de l’efficacité énergétique s’est traduite par une baisse de 2,6 % des importations de gaz.
La Commission le souligne également : la prochaine décennie sera décisive et l’UE devra intensifier l’électrification de la demande finale, moderniser les réseaux et stimuler l’innovation technologique pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. La Commission appelle également à simplifier les procédures d’autorisation et à renforcer les interconnexions, afin de bâtir un marché de l’électricité compétitif, résilient et véritablement européen.
Pour lire le rapport, cliquez ICI
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