Les laboratoires d’idées Carbon Market Watch et New Climate Institute ont étudié les engagements des grandes multinationales pour le respect des objectifs de l’Accord de Paris. L’édition 2023 du Corporate Climate Responsibility Monitor du 13 février vise 24 sociétés dans les secteurs de l’électronique, de l’automobile, du transport et de la grande distribution. Toutes ces sociétés ont généré ensemble 3 160 milliards de dollars de recettes en 2021 et émis 2,2 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone en 2019.
Or, cette édition révèle que “les stratégies de neutralité carbone publiées par ces multinationales ne devraient les conduire qu’à une baisse de 15 à 21 % de leurs émissions respectives de gaz à effet de serre. Au total, le bilan carbone cumulé de ces 24 sociétés n’en serait réduit que de 790 MtCO2e, soit 36 % de leurs émissions totales de 2019“. Ainsi, « les stratégies climatiques de vingt-quatre des plus grands “leaders du climat” sont totalement insuffisantes et entachées d’ambiguïté ».
Une majorité des multinationales mise sur la compensation carbone par de la reforestation plutôt que sur la réduction de leurs émissions. Or, comme l’affirment les chercheurs, “cela est problématique pour deux raisons majeures : le caractère éphémère du stockage biogénique du carbone de ces projets ne convient pas pour compenser durablement des émissions de gaz à effet de serre ; et le nombre de crédits carbone que demandent de tels plans, si chaque groupe en faisait autant, réclamerait une quantité de ressources naturelles de deux à quatre planètes Terre”. (Neutralité carbone : les stratégies de 24 multinationales passées au crible (actu-environnement.com)
Une seule des multinationales étudiées a un véritable plan pour atteindre la neutralité carbone. Il s’agit de l’armateur danois spécialisé dans le transport de conteneurs, Maersk. Ce groupe s’est engagé à n’utiliser que des carburants « bas carbone ou zéro carbone », à compenser 10% de ses émissions par de la reforestation, et à alimenter ses infrastructures par des énergies renouvelables.
Tout en bas du classement se trouvent American Airlines, JBS (agroalimentaire), Carrefour et Samsung Electronics (Empreinte carbone : les multinationales n’ont pas fait la moitié du chemin pour 2030 (lemonde.fr). Carrefour se trouve parmi les plus mal notés en raison de sa chaîne d’approvisionnement en produits et en emballages.
Selon Carbon Market Watch et New Climate Institute, « la petite minorité d’entreprises qui, comme Maersk ou Stellantis, présentent des engagements crédibles semblent rester sur un même pied d’égalité avec des American Airlines, Volkswagen ou encore Carrefour (qui) prétendent faire de même mais dont les actions réellement prévues ne les amèneront qu’à trop faiblement réduire leurs émissions » (Neutralité carbone : les stratégies de 24 multinationales passées au crible (actu-environnement.com).
Ainsi, les multinationales sont bien loin du compte pour atteindre la neutralité carbone en 2030.
Par Margaux Berthelard, juriste documentaliste
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